Le service de la France et des Français est une exigence de tous les instants, une sorte de sacerdoce. C’est aussi une tâche constante d’être à l’écoute du pays et de ceux qui le peuplent. Cette mission impose de prévoir et d’anticiper, tant qu’il est encore temps, les mutations dont l’urgence est flagrante. La vie est un parcours initiatique, ne pas le comprendre est une échappatoire qui risque de nous conduire dans le mur. Le fondement d’une vraie politique au service du prochain repose sur une éthique, non sur une idéologie. C’est une responsabilité supérieure, une méditation avant l’action, une ouverture du cœur. À ce niveau, servir et aimer sont complémentaires. Ceux qui travaillent, qui créent de la richesse pour le pays à quelque niveau que ce soit, doivent comprendre qu’il faut renouveler sans cesse les outils de la modernité, comme le schéma du rapport à autrui.
Les impôts, lorsqu’ils deviennent confiscatoires, plongent inéluctablement le pays vers la disette et la pauvreté. Ils n’aboutissent qu’à la mort, à la révolte ou à la révolution. Depuis 1789, nous savons pertinemment que les privilèges ont tué la France. Aujourd’hui, de nouveaux privilèges risquent de l’étouffer, car ceux qui les détiennent sont manifestement tentés de se servir plutôt que de servir.
L’héritage est un passé qu’il faut transformer en lendemain. L’avenir se construit au quotidien: il est fondé sur la connaissance de ce qui est advenu et la compréhension de ce qui survient. C’est une construction de tous les instants, un discernement de tous les paramètres qui composent notre pays. Il est essentiel de bien connaître la France : son histoire, sa géographie, sa géologie, ses climats, sa faune, sa flore, ses connexions avec le monde. Mais avant tout, il faut connaître les êtres humains qui la peuplent, ne rien ignorer de la manière dont ils pensent, agissent, construisent, détruisent, souffrent ou se réjouissent.
Comme il faut connaître les courants de pensée qui irriguent la France d’hier et d’aujourd’hui, ceux qui poursuivent leur chemin contre vents et marées dans leurs pires excès comme dans l’amour de la patrie. Une telle connaissance ne peut être seulement livresque, elle demande à être aiguisée sur la pierre du terrain et taillée par la confrontation à la réalité. C’est seulement ainsi que l’on peut aimer ces peuples de France, aussi attachants et divers que complexes. Cette quête ne cesse jamais car la loi de la nature fait que tout évolue. Le destin – ou plutôt la mission – d’un prince de France, a fortiori du chef de la maison royale de France, est de devenir l’incarnation de cette symbiose avec les peuples de notre pays.