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Blog de la Couronne

14 Oct 2017

Le désintérêt de mes élèves lycéens pour la politique m’a souvent étonné. Persuadés de ne pouvoir rien sur le plan du bien général, mais seulement dans leur vie professionnelle et familiale, ils refusent aussi d’apprendre ce qui concerne la politique en arrière-plan : l’histoire de France, les doctrines philosophiques, la réflexion sur les systèmes, sur l’absolutisme, la démocratie, l’aristocratie, la tyrannie et la monarchie, constitutionnelle, parlementaire, tempérée démocratiquement. Dans l’Ethique à Nicomaque, (VIII, 5, 5 trad Bodéüs , Flammarion, 2004, p. 436), Aristote exprime l’idée que le meilleur gouvernement est une monarchie, tant qu’elle ne tourne pas en tyrannie. Qu’un autre gouvernement, très bon, est l’aristocratie, tant qu’elle ne chavire pas du côté de l’oligarchie d’un groupe exploitant à son propre intérêt la plus grande partie des richesses, au détriment du peuple. Enfin seulement, la république est un régime convenable, à condition qu’il ne tourne pas en une démocratie, au sens aristotélicien : une souveraineté de l’incompétence, où les meilleurs ne peuvent plus faire autorité que par des paroles, si du moins ils ont encore quelque audience parmi les autorités en place. Saint Thomas d’Aquin a repris ces idées, au siècle où gouvernait Louis IX. Mais depuis, c’est plutôt de Montesquieu, voire Montaigne ou Kant, « au pire » , Machiavel, que notre société espère recevoir la sagesse pour vivre ensemble, et prospérer.

Le Statut quo des Lumières semble pour la majorité d’entre eux un postulat fondamental, utile à assurer la pérennité d’une société paisible et juste. Impossible de faire mieux que ce qui existe depuis la Révolution française ! Ce repère historique agit sur les consciences comme garde-fou contre la violence, mais aussi comme barrage contre tout changement profond, contre une restauration monarchique par exemple, fût-elle juridiquement légale, et parlementaire, donc voulue par le peuple et conservant une dimension démocrate authentique.

Mais les déclarations si nombreuses de l’Ordre des médecins à propos des vaccins, ou encore de la prolifération des antennes à forte émission, nocives pour la santé, font réfléchir les esprits les plus attachés à ce statut quo. Claire Séverac, le docteur et professeur de cancérologie Dominique Belpomme ou d’autres ont suffisamment dénoncé le mal là où les médias n’avaient pas osé le faire, ni même les journaux télévisés (!). La synthèse fut accomplie par le conférencier Eric Fiorile, et d’autres aussi, parfois assez virulents, grâce au Web. Sans tomber dans une paranoïa complotiste, il faut reconnaître à la Franc-Maçonnerie une responsabilité fondamentale dans la défense de criminels ou de gens fort malhonnêtes. Sans tomber non plus dans une idéologie supplémentaire, ces intervenants bien informés se sont placés au niveau du Droit, dans une attitude rationnelle, afin de faire réfléchir, et non d’emporter des foules vers des sommets émotionnels dangereux.

La vérité est une charge, un poids parfois impossible à communiquer, et souvent difficile à admettre. Mais elle est une responsabilité pour l’homme politique (certains en ont fait l’un de leurs leitmotiv, comme François Fillon récemment), dans la mesure où la justice, et le bien général, le réclament instamment. La paix exige parfois, il est vrai, que l’idéal du Bien précède la communication de certaines vérités, mais ce n’est qu’une apparence. En réalité, l’idéal du Bien demande que toute vérité utile au bien général soit communiquée, au moins pédagogiquement, étape par étape, allant du plus simple au plus compliqué à entendre, à comprendre. La qualité de l’écoute, la capacité à comprendre, imposent un ordre logique à l’autorité en responsabilité à l’égard de la Paix et de la justice. Elles n’imposent donc pas qu’un silence recouvre des vérités concernant des personnes et leur bien-être, ni le savoir destiné aux professions enseignantes ou aux chercheurs.

Bien que les français vivent dans la hantise d’une Révolution semblable à celle, terroriste, des Voltaire, Robespierre, Danton, Marrat et autres sanglants revendicateurs d’une démocratie usurpée à la juste mesure et au bon sens, la trahison républicaine athée nous a précipités dans une méconnaissance de nos racines religieuses à un point tel que nous sommes plongés dans une idéologie, sans même l’avoir voulu. L’évidence que Dieu n’existe pas, et que la Révélation chrétienne n’a rien à dire à la société française, cette évidence nous est imposée du dedans même, par l’enseignement laïc, qui fonctionne à merveille au point de vue léninien, ou stalinien… Lorsque des évidences mortifères engendrent des déprimes, des névroses et une morosité quasi universelle, on est en droit d’interroger leur bien-fondé. Car s’il est vrai, comme disait Paul dans le Nouveau Testament (mais l’a-t-on sur sa tablette ou sa bibliothèque ?!), que « la charité met sa joie dans la vérité », soit nous manquons de charité, soit de vérité, dans ce pays devenu le plus grand consommateur européen d’anti-dépresseurs.

Nous ne devrions pas tant nous moquer de ces esprits revendiquant une collaboration de l’Église et de l’État français, ou même une autorité de la vraie religion sur la société française. Ils ont quelque chose à nous dire, de neuf, d’innovant, susceptible de défaire les nœuds compliqués dans lesquels nos fils de pêche se sont perdus, tant en politique, qu’en matière de bien-être, de bonheur, de santé. Il est de notre devoir de prendre le temps de les écouter, de faire ainsi le meilleur usage, démocratique, du Web : en laissant la place à d’autres pensées, en pesant le pour et le contre, lorsqu’en conscience nous aurons jugé plus lourd tel poids de vérités que tel autre, nous pourrons agir de concert, en vue du bien général. L’égoïsme qui encouragerait encore au Statut-quo, au nom d’une prétendue prudence, sera bien vite dénoncé comme une lâcheté de plus, dont l’indifférence aux autres habitants de notre pays aux mille fromages est un symptôme… des plus honteux. N’y a-t-il pas une autre joie que celle du bien-être, ou de l’amour du vrai, et que l’on trouve à être soi-même plus courageux que d’habitude, précisément pour être plus soi-même, plus heureux aussi ? Sans que la force devienne violence de barbares, n’y a-t-il pas une force dans la pensée, comme dans la signature d’une pétition, ou l’achat d’une carte à un parti constitué par des personnes intelligentes et courageuses (pensons à l’actuel Conseil National de Transition !) ?

Le bonheur des générations futures dépend en grande partie du bonheur de notre génération. Il ne peut se faire sans que nous laissions notre médiocrité de côté, tant celle d’une mauvaise information, que celle du laisser-faire qui favoriserait l’injustice sociale et politique. Ainsi la responsabilité morale envers tous ne peut plus nous dédouaner d’un intérêt authentique pour la politique, l’histoire et la vraie culture qui donnent l’intelligence de ce qu’est la France en particulier. La démocratie absolue, dans une illusion de bien-être consumériste, ne manquera pas de dériver du côté d’injustices de plus en plus nombreuses. Elle n’est donc pas moins dangereuse qu’une tyrannie, ou monarchie absolue, puisque l’apparence de gouvernement empêche la justice d’être défendue, et la souveraineté du peuple d’être respectée. Ce qui est réalisé de façon parfaite, absolue, n’est pas la démocratie, mais l’illusion démocratique. La démocratie absolue ne fait qu’absolutiser l’injustice, la laissant croître autant que possible, en muselant ceux qui dans le peuple ont une meilleure connaissance des vérités et une meilleure conscience du bien. Il est presque évident qu’en plongeant dans l’idéologie athée une société qui vivait de valeurs enseignées par l’institution chrétienne et données en exemple par tant de saints, la mouvance des Révolutionnaires n’a pas augmenté la liberté du peuple, mais l’a appauvri culturellement. Ceci pourrait faire l’objet d’un livre de plus, si l’on n’avait déjà tant publié pour le dire !

 

Matthieu Cailliau,

Écrivain, professeur de philosophie

 

Source:

La démocratie absolue et ses risques insupportables pour le bien général - Le blog de La Couronne

Le désintérêt de mes élèves lycéens pour la politique m'a souvent étonné. Persuadés de ne pouvoir rien sur le plan du bien général, mais seulement dans leur vie professionnelle et familiale, ils refusent aussi d'apprendre ce qui concerne la politique en arrière-plan : l'histoire de France, les doctrines philosophiques, la réflexion sur les systèmes, sur ...

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